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  • : le blog yossarian
  • : Grand lecteur de romans noirs, de science-fiction et d'autres trucs bizarres qui me tombent sous la main
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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 11:03

     Et si ? La S-F partage ce questionnement avec l’uchronie, du moins au départ. Mais là où la première déploie son imaginaire en usant de la prospective, la seconde défriche les pistes historiques alternatives ouvertes par quelques divergences stratégiquement posées.
     Et si ? C’est sur une hypothèse de ce second type que débute le roman de Javier Negrete. Et si, Alexandre le Grand n’était pas mort à Babylone en 323 avant notre ère. Et si, délaissant le mirage oriental, il avait porté son appétit de conquête vers l’Occident pour affronter la puissance montante de Rome. Tel est le propos de Alexandre le Grand et les aigles de Rome.

 

     D’entrée, que les choses soient claires. Le roman de Javier Negrete nous propose les prémisses d’une uchronie. En effet, point d’évolution historique sur le temps long. Nous sommes ici dans l’immédiateté du temps court. Alexandre est sauvé in extremis de l’empoisonnement comploté par son épouse Roxane et son amant ; l’un des généraux commandant un détachement des Compagnons, la cavalerie irrésistible du souverain macédonien. Son sauveur, qui se prénomme Nestor, ne vient de nulle part. Il est apparu au sanctuaire de Delphes, amnésique mais porteur d’une prophétie de mauvais augure : la mort d’Alexandre. Guérissant le conquérant, il devient un de ses familiers ; propulsé aux premières loges, en quelque sorte, pour relater l’expédition militaire à venir.

     Le procédé adopté par Javier Negrete n’est évidemment pas sans rappeler celui développé par Sprague De Camp dans son roman À l’aube des ténèbres. Un même personnage providentiel survient mystérieusement, porteur d’un savoir anachronique, ici la médecine, pour infléchir le cours de l’Histoire. Là s’arrête le parallèle car Nestor se révèle davantage un spectateur qu’un acteur, son rôle se cantonnant à sauver Alexandre et à accompagner sa convalescence. Dans son crâne ne résonne qu’une phrase, scandée à plusieurs reprises dans le roman : « Tu es Nestor. Observe, observe tout ». Ainsi, il observe, note le fruit de ses observations dans son journal intime, nous faisant part des événements dont il devient le témoin.
     Six ans plus tard, Alexandre est à pied d’œuvre en Italie du sud. Fort du soutien des cités et des royaumes de la Grande Grèce, il se prépare à affronter les Romains ; un peuple fier et belliqueux comme les Spartiates qui s’avère rapidement un adversaire redoutable.

     Même si les indicateurs pointent incontestablement vers l’uchronie, Alexandre le Grand et les aigles de Rome s’apparente davantage à un roman historique. Le récit en a en tout cas la tournure, mêlant à la fois la vraisemblance de la reconstitution historique et les ressorts du roman. L’écrivain hispanique laisse courir sa plume et, armé de sa grande culture historique, convoque avec un certain panache les civilisations gréco-macédonienne et romaine pour accoucher d’un roman tout bonnement passionnant.
     En effet, à aucun moment, la narration ne se fait didactique, alourdissant le récit de détails trop académiques. On apprend beaucoup de choses sur l’esprit du temps, sur les pratiques cultuelles, les superstitions, la philosophie, la science, l’art de la guerre, la stratégie, tous ces éléments qui définissent une civilisation. Heureusement, Javier Negrete parvient à maintenir l’équilibre entre le récit historique et le destin individuel des divers protagonistes qu’ils soient imaginaires ou réels, prestigieux ou sans éclat. Et si l’écrivain espagnol prend son temps pour nous emmener vers l’affrontement final entre Grecs et Romains, ce n’est pas pour autant du temps perdu. Les personnages confèrent à l’Histoire une réelle épaisseur en lui apportant une dimension humaine trop souvent éludée par la geste héroïque consignée dans les chroniques.

 

     Lorsque s’achève Alexandre le Grand et les aigles de Rome, de nombreux aspects demeurent encore non expliqués. La comète, l’origine de Nestor, le rôle dévolu à Myrmidon, un être d’exception qui se révèle une véritable machine à tuer... Bref, bien des sujets restent en suspens laissant planer le doute quant à la nature définitive du propos de l’auteur. Toutefois, ce premier volume se termine exactement au moment où commençait Le mythe d’Er, un autre titre de l’écrivain. Sans doute y a-t-il ici une piste à suivre. En attendant, ce roman apparaît pour l’instant comme une convaincante tentative de réenchanter l’Histoire par le biais de l’uchronie.

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Alexandre le Grand et les aigles de Rome (Alejandro Magno y las aguila de Roma, 2007) de Javier Negrete – EDITIONS L'ATALANTE, MAI 2009

 

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 18:32

     Alors qu’il se prépare à présenter sa thèse de doctorat - un travail consacré à Adolf Hitler - Michael Young traverse une période de doute existentiel qui le pousse à ajouter à la biographie du futur dictateur nazi des détails issus de son imagination. Avec le concours du professeur Zuckermann, un vieux physicien obsédé par le génocide juif qu’il a rencontré fortuitement, il échafaude un projet incroyable : refaire l’Histoire en empêchant la naissance du Führer.

 

« Elle débute par un rêve. Cette histoire, qui peut commencer partout et nulle part, comme un cercle, débute pour moi - et, après tout, cette histoire est la mienne, et celle de personne d’autre, ne pourrait jamais être l’histoire d’un autre que moi - elle débute par un rêve que j’ai fait une nuit, en mai. »


     L’argument initial de Le faiseur d’histoire ne brille pas par son extrême originalité. Pourtant Stephen Fry brode à partir de celui-ci un roman léger et distrayant qui n’occulte en rien une certaine réflexion.
     A l’instar de l’étudiant favorisé lambda, inscrit dans une université d’Europe de l’Ouest, Michael Young ne connaît pas grand-chose de la vraie vie, ou juste ce qu’il a pu entrevoir par le petit bout de la lorgnette de son existence étriquée. Depuis quatre années, il s’échine à rédiger un mémoire d’histoire consacré à la vie d’Adolf Hitler durant la période qui a précédé son accession au pouvoir. Une sorte d’étude s’attachant aux origines familiales, scolaires et psychologiques du nazisme chez son principal idéologue.

     Peu à peu, nous en apprenons davantage sur le quotidien de ce jeune étudiant, empoté et maladroit, fils de bonne famille inscrit à Cambridge, un tantinet nombriliste, et de surcroît sans histoire. Michael nous berce avec ses projets d’avenir ; la validation de son doctorat, un poste de professeur, la publication de sa thèse et une vie pépère de chercheur enseignant. Il ne faut toutefois pas longtemps pour comprendre qu’il se berce surtout d’illusions comme la narration nonchalante, typiquement vieille Angleterre, pour ne pas dire désuet, nous le laisse percevoir. Résumer ainsi le début de Le faiseur d’histoire contribue à affaiblir ce qui constitue le point fort du roman : le ton. Car Stephen Fry s’amuse à la fois de son héros, un personnage somme toute assez falot, et des situations dans lesquelles il le plonge. Les aventures de Michael Young confinent à la fois au grotesque et au sérieux. Un grotesque typiquement britannique, c’est-à-dire détaché du ridicule intégral, et un sérieux lorgnant davantage du côté du nonsense, le tout agrémenté d’effets slapstick insérés dans le récit sous la forme de chapitres rédigés comme des scripts. Bref, il ne fait aucun doute que les amateurs de P. G. Wodehouse, voire de Jérôme K. Jérôme trouveront leur compte.

     Mais Le faiseur d’histoire n’aurait pas lieu de figurer dans la rubrique uchronique de ce blog si n’intervenaient pas quelques ingrédients d’une nature plus spéculative. Stephen Fry ouvre une parenthèse uchronique dans son récit, via l’utilisation d’un récepteur transmetteur quantique. Avec le concours du docteur Zuckermann, Michael parvient à modifier l’Histoire en empêchant la naissance d’Hitler.
     Sans chercher à déflorer l’histoire, disons simplement que le changement escompté ne se réalise pas tout à fait de la manière attendue par nos deux apprentis démiurges. Prisonnier de l’horizon des événements, Michael doit endosser une nouvelle existence ; sa propre existence dans la ligne historique résultant de sa manipulation. L’expérience dévoile une facette de sa personnalité qu’il avait jusque là refoulé. Elle l’immerge dans un environnement à la fois familier et étranger, celui d’un étudiant en philosophie à Princeton dont les parents britanniques ont émigré aux Etats-Unis, et doit renouer le fil des habitudes de son alter ego, sans trop déraper ouvertement. Pas facile lorsque l’on a un accent anglais et que ses références historiques et culturelles ne suscitent que des regards interloqués.
     L’expérience vécue par Michael offre ainsi à Stephen Fry l’opportunité de broder une série de quiproquos croustillants et de s’amuser du décalage entre les cultures américaine et britannique ; décalage auquel vient s’ajouter celui généré par l’uchronie. 
     Sur ce point, il convient de saluer la vraisemblance et la cohérence de la construction de Fry. La légèreté de l’intrigue ne doit effectivement pas masquer la réflexion sous-jacente sur la causalité historique et les hasards de l’Histoire.

     Au final, Le faiseur d’histoire s’avère un plaisir léger et décalé. Et même si le dénouement apparaît un tantinet convenu, même si le roman n’entre pas dans la catégorie des ouvrages inoubliables, le ton résolument pince-sans-rire se conjugue à l’intelligence du propos pour faire du livre de Stephen Fry une friandise au goût délicieusement suranné.

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Le faiseur d'histoire (Making history, 1996) de Stephen Fry - Les Moutons Electriques éditeurs, La Bibliothèque voltaïque.

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 14:18

     Contraint à l'exil depuis la défaite du Reich en 1945 face à l'Armée rouge, l'ex-chancelier Adolf Hitler vit désormais, sous la surveillance du FBI, dans un appartement de South Brooklyn. Une existence de reclus, partagée entre une épouse qu'il délaisse et des rêves toujours de fer.

Nous sommes en 1949, l'homme est âgé de soixante ans. Chef d'un État fantoche, abandonné de ses fidèles et en proie à la maladie, il nourrit pourtant toujours des projets grandioses pour l'avenir, surtout depuis que l'URSS a attaqué Pearl Harbor, provoquant ainsi la Seconde Guerre mondiale.

 

     Roman grinçant et uchronie minimaliste, Le Dernier Dimanche de M. le Chancelier Hitler illustre s'il en est besoin encore, le talent de satiriste social de Jean-Pierre Andrevon. Aucune surprise sur ce point en effet, la dédicace à Norman Spinrad annonçant d'emblée la couleur.

Écrit au vitriol, ce court roman n'épargne vraiment personne. Que ce soient l'ex-chancelier du IIIe Reich, un vieil homme terne enferré dans ses rêves de grandeur et de pureté, mais également son entourage – son épouse Éva et Hermann Goering, présenté comme un arriviste grossier et jouisseur – en passant par la société américaine dans son ensemble, il est vrai décrite à gros traits via le regard d'Hitler, nul ne sort indemne d'un roman cruel et pourtant fort drôle. Un rire tenant toutefois plus du ricanement sardonique qu'autre chose, il faut en convenir.

 

     Le dispositif narratif impressionne par sa simplicité et sa sobriété, le lecteur étant convié par Adolf Hitler lui-même à vivre les trois dernières journées de son existence de pré-retraité du totalitarisme. On s'attache aux pas du dictateur cacochyme, immergé à ses côtés dans les tracas quotidiens, les douleurs – il vit sous la contrainte d'une prostate tyrannique –, tourmenté par la maladie de Parkinson et un Alzheimer naissant.

Confronté aux humeurs changeantes du personnage, sans cesse traversé par les mêmes obsessions, ressassant son dégoût de l'humanité dans son ensemble et pourtant en même temps enclin à concevoir un avenir meilleur pour celle-ci, on ressent la totale médiocrité guidant le cours de sa vie et de son combat politique.

 

     En conséquence, l'uchronie sert ici de révélateur. Elle dessine en creux le portrait d'un vieux maniaque, accréditant par là-même la thèse de la banalité du mal, développée par Hannah Arendt à l'occasion du procès d'Eichmann.

Pour autant, Jean-Pierre Andrevon ne disculpe pas Hitler des crimes découlant de l'idéologie nazie. Bien au contraire, il en dévoile toute l'inanité, pour ne pas dire le nihilisme intrinsèque, sans omettre de préciser que le nazisme n'a sans doute pas le monopole en ce domaine.

 

     Lecture bienvenue, pour ne pas dire salutaire, Le Dernier Dimanche de M. le Chancelier Hitler est évidemment à recommander aux habituels esprits pessimistes. Car comme d'aucuns le devinent, ils sont les plus attachés au progrès, trouvant dans le spectacle de la noirceur de l'humanité et celui de l'absurdité de la vie, un moyen de conjurer leur angoisse et d'espérer du meilleur.

 

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Le Dernier Dimanche de M. le Chancelier Hitler de Jean-Pierre Andrevon – Réédition Après la lune, 2010

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 17:55

 

     Et si ?

     Été 1945, les Américains tentent de faire main basse sur les scientifiques travaillant sur le site secret de Peenemünde. La fine fleur de la recherche nazie sur les fusées. Une surprise de taille les attend sur place : les lieux ont été vidé de leurs occupants et du fruit de leurs recherches. Prélude à un tapis de bombes, made in England.

     2001. L'Empire britannique s'étend dans les étoiles. Grâce à l'action conjointe de Wernher Von Braun et de l'aviateur anglais John Dashwood, tous deux soutenus par Winston Churchill, du moins au début, le Royaume-Uni est devenu la première puissance spatiale de la Terre. L'espace terrestre proche, la Lune, Mars et bientôt les confins du système solaire, rien ne semble s'opposer à la domination d'Albion. Rules Britannia, rules...

     Alors que les États-Unis s'apprêtent à lancer leur premier vol spatial, le secret du financement du ministère de l'espace resurgit, obscurcissant la vieillesse auréolée de gloire de Sir Dashwood.

 

     Astronefs multicolores, esprit pionnier, sense of wonder, il flotte comme un parfum de nostalgie sur cette uchronie. Un sentiment renforcé par une esthétique décalée, pour ne pas dire rétro-futuriste.

     Hommage avoué à Dan Dare, Royal Space Force ne manquera pas de réjouir les amateurs chenus de space opera. Pour les autres, même si l'histoire paraît un peu légère – on devine très rapidement l'origine du financement du ministère de l'espace –, au moins a-t-elle le mérite de ressusciter le goût de l'aventure, du dépassement et de l'exploration spatiale.

     Avec ce comics, Warren Ellis donne libre cours à un fantasme. Il condamne les calculs politiques et économiques d'une humanité enferrée dans sa bulle d'hyperconsommation. Il renoue avec une certaine SF, celle qui donnait à voir et à rêver, provoquant accessoirement quelques vocations.

     Sans abonder complètement dans le sens de Warren Ellis, il faut reconnaître que Royal Space Force est une œuvre bien distrayante. Pas totalement utopique puisqu'elle rappelle aussi que le rêve a un prix.

 

 

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Royal Space Force de Chris Weston & Warren Ellis – Delcourt, collection Contrebande, format comics, mars 2011 

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26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 17:53

     Adage populaire à ma sauce : quand on aime l'uchronie, on ne compte pas son temps.

Je vous ai entretenu un peu plus loin du thriller de Daniel Easterman. En des termes peu élogieux, malgré la vraisemblance de la divergence proposée, je le confesse.

     Avec SS-GB, on passe dans la catégorie supérieure. D'ailleurs, je ne crains pas de placer également ce roman un cran au-dessus Fatherland de Robert Harris, ouvrage pourtant très réussi dans son genre. Il faudra que j'en dise un mot à l'occasion (autant dire à la Saint Glin-Glin).

     À nouveau l'uchronie sert de décor à un argument regardant davantage du côté du roman d'espionnage. Maniant avec efficacité les codes inhérents à ce type de récit – faux-semblant, double voire triple jeu des protagonistes, tension paranoïaque, coups de théâtre imprévu – Len Deighton ne ménage pas sa peine pour rendre son histoire captivante. Et les pages défilent sans que l'on s'en rende compte.

     Rien de neuf sous le soleil me diront les laudateurs de John Le Carré ou de Éric Ambler. Renseignements pris, il s'avère que Len Deighton jouit d'une réputation flatteuse dans ce domaine, du moins si l'on en juge son premier roman, The Ipcress Files, titre ayant fait l'objet d'une adaptation au ciné (Ipcress Danger immédiat, 1965), déclinée ensuite en série, avec Michael Caine dans le rôle de l'espion Harry Palmer. On en apprend tous les jours. Toutefois, je dois avouer ne pas avoir lu ce roman pour cette raison.

     Non ! L'attrait de l'Histoire alternative m'a saisi une fois de plus, me faisant perdre la raison. Tropisme fatal !

 

     Ahem...

 

     Ouf ! Je n'ai pas eu à regretter ma faiblesse. Car SS-GB est plutôt pas mal dans son genre. Quid de l'argument, le pitch quand on jargonne anglo-saxon ? Si vous croyez que l'Allemagne n'a pas envahi la Grande-Bretagne, reprenez vos manuels d'Histoire alternative. Après un débarquement victorieux et une Blitzkrieg éclair (je redonde si je veux), la Wehrmacht a contraint le gouvernement britannique à capituler. La perfide Albion est désormais sous le joug allemand, son souverain embastillé à la Tour de Londres et son premier ministre – du sang, de la sueur, des larmes, de la souffrance et du labeur – passé par les armes.

     Là, j'avoue que le franchouillard sommeillant en moi se réjouit.

     À Scotland Yard, le commissaire principal Douglas Archer – fin limier surnommé avant-guerre l'archer du Yard – obéit désormais aux ordres du Gruppenführer SS Kellerman, dont l'administration a annexé une grande partie des bâtiments. Archer a le sens de l'État et il ne travaille pas de gaité de cœur pour l'occupant. Mais, il se méfie de ces résistants acharnés dont les actions désordonnées nuisent au retour au calme.

     Appelé sur une scène de crime, il se trouve mêlé bien malgré lui au jeu de dupes animant les différents cercles du pouvoir de l'administration nazie. Un jeu rendu encore plus complexe par les États-Unis et les forces de la Résistance britannique.

     Inutile d'en dire davantage. On trouve dans SS-GB les deux marottes de Len Deighton. Son goût de l'Histoire – le bonhomme est historien militaire, il me semble – et le roman d'espionnage. L'auteur britannique décrit une Grande-Bretagne occupée assez vraisemblable, focalisant son attention sur la bureaucratie allemande. Le quotidien des citoyens lambdas, les pénuries, les ruines engendrées par les combats, l'antisémitisme et la ségrégation, tout ceci est relégué l'arrière-plan, via le point de vue d'Archer. Un type élevé à l'ancienne école, endeuillé par la perte de sa femme dans le Blitz et finalement assez désabusé. Par au point d'apparaître comme un émule de Sam Spade. Il y a chez Archer des sursauts d'espoir et un respect obséquieux des conventions que l'on ne trouve pas chez l'Américain. Mais, on s'éloigne des clichés du genre. À bien y réfléchir, Douglas Archer entretient une parenté troublante avec Harry Palmer, faisant de lui un être de chair et de sang et non un simple archétype de papier.

     Dans ce décor d'uchronie, Len Deighton transpose une intrigue classique de roman d'espionnage. Il suffit de remplacer les SS, la Wehrmacht, la Résistance britannique et les États-Unis par le KGB, la CIA, quelques transfuges et autres opposants clandestins, pour retrouver une atmosphère qui ne dépareillerait pas à l'époque de la Guerre froide. Il faut croire que tous les totalitarismes se valent...

 

     Au final, j'ai bien aimé ce roman, même si l'uchronie n'offre qu'une variation sur un thème somme toute classique et déjà-vu.  

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SS-GB de Len Deighton (SS-GB, 1978) – Editions Alire, 1997 (roman traduit de l'anglais par Jean Rosenthal)

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 17:26

K

     Lorsque l'on est un tantinet exigeant, animer un blog confine au sacerdoce et au chemin de croix. Aussi, n'ayant ni la fibre religieuse, ni le goût du martyr, vais-je me contenter de recycler un vieux compte-rendu de 2005 repêché dans mes archives. De quoi garnir une rubrique trop longtemps restée en friche.

 

« Les barbelés s’étiraient sur des kilomètres à l’infini. Toute chose, tout être enfermé dans leur enceinte y était limité, piégé, condamné à mourir, même les gardes avec leur uniforme à tête de mort et leur mitraillette, même le commandant, avec ses goûts de luxe et ses vices raffinés, même les chiens, avec leurs crocs acérés et leurs yeux vigilants.

Camp de concentration. Le nom lui-même les tenait captifs aussi sûrement que les barbelés électrifiés, les miradors et les fusils. Il existait des camps de prisonniers, des camps de travail, des camps de transit, des camps pour le programme d’euthanasie, mais aucun ne ressemblait à cet endroit. Il y avait une puanteur, des bruits, un mélange d’ombre et de lumière qui n’appartenaient qu’à lui. »

 

     Un camp de concentration. Rien de neuf sous le soleil du totalitarisme. Pourtant, il s'agit ici d’un camp aux États-Unis. Sur ce point, l’incipit de K marque l'esprit, jouant sur l'ambiguïté, du moins au début. Pourtant, le roman de Daniel Easterman me laisse une impression mitigée. Seules quelques qualités (ou ce qui apparaît comme tel à mes yeux) atténuent ma virulence. Hélas, elles ne suffisent pas pour emporter mon enthousiasme. Quid de l'histoire ?

 

     Commençons par ce qui me paraît être le meilleur. K apparaît comme une uchronie vraisemblable. À l'instar du Complot contre l'Amérique, bien plus convaincant par ailleurs, l'événement fondateur de K puise son origine dans le contexte d'isolationnisme mâtiné de racisme des États-Unis d'avant guerre.

     Daniel Easterman imagine qu'en 1932 l'A.A.A. (Alliance aryenne d’Amérique) menée par Charles Lindbergh a remporté les élections. Cheval de Troie du Klan, cette coalition hétéroclite use de la popularité de l’aviateur pour imposer peu à peu ses vues au pays entier. Ainsi, être juif, catholique, communiste ou libéral devient désormais un crime passible d'internement en camp. De même, la ségrégation s'impose à tous, au travail et dans la vie quotidienne, une police politique (le FBIS dirigé par Edgar Hoover) se chargeant d'arrêter et de torturer les opposants et autres réfractaires à l'ordre nouveau. Dans un climat de haine savamment orchestré, la population est bien entendu invitée à donner libre cours à sa violence naturelle, pérennisant la bonne vieille tradition du lynchage de nègres. Bref, le rêve américain s'apparente de plus en plus à un cauchemar.

     Un fait semble à inscrire au crédit de Daniel Easterman. Il immerge le lecteur dans une proposition d’Histoire alternative très réaliste sans être trop démonstratif. Des extraits de livres d’Histoire postérieurs à l’action du roman distillent le vernis d'historicité servant de toile de fond à l'intrigue. On prend pied dans un pays apparemment familier, Easterman n'introduisant pas les différences de façon trop voyante. C'est bien de l'Amérique du début des années 1940 dont il est question, mais une Amérique où ce qui s'agitait dans les coulisses fait office de norme sociale.

 

     Là s'arrête la partie du roman m'ayant passionné. Pour le reste... heu..., je dois avant toute chose me livrer à une confession publique. En dépit de quelques titres, je conchie globalement le thriller. Le genre me met les nerfs en pelote, il me donne des aigreurs, il m'incite à aller sur le forum des fans de Maxime Chattam (c'est un exemple), pour proférer des insultes et envoyer valser la Net-étiquette. Bref, le thriller m'horripile. (Bon, ça c'est fait)

     J'ai retrouvé dans K tout ce que je déteste dans le thriller : les gimmicks, les recettes d'écriture, le rythme à l'emporte-pièce, sautant d'un protagoniste à un autre, histoire d'allonger le suspense, les cliffhangers assommants... Au secours !

     Mais le pire, argh ! c'est que rien n'est crédible dans l'intrigue. Sans déflorer de manière abusive le récit, je révèle juste son point de départ. Comme la guerre s'est déroulée dans l’ancien monde de la façon connue, le Royaume-Uni demeure le seul bastion invaincu face au Reich. Mais un bastion assiégé finit toujours par tomber. Dans cette situation, la participation des États-Unis dans le conflit est vitale pour l’avenir. S’ils choisissent le camp de l’Axe, good bye the Queen ! Informé de l’opinion du Klan, les Rosbeefs ont quelques soucis à se faire. Mais là où la diplomatie est démunie, un bon agent secret peut faire des miracles... Voilà pourquoi John Ridgeforth débarque nuitamment sur les côtes de Caroline du nord où il reçoit aussitôt l’appui de la résistance américaine qui lui fournit une identité crédible et quelques moyens pour s’intégrer sans faire trop de vagues.

     Jusque là, tout va bien.

     Arrivé à Washington, après un détour bien instructif dans la campagne profonde, John contacte son agent de liaison... la femme du vice-président des États-Unis ! Il en tombe amoureux aussi sec (façon de parler), se fait embaucher par son mari, Air Force One, et devient un intime du FBIS (quand on connaît la méfiance de Hoover, ça laisse perplexe)…

     Arrêtons le massacre. K aligne un florilège (je n'ai pas dit un ramassis) de clichés et de personnages caricaturaux faisant regretter amèrement l’art subtil d’un John Le Carré, par exemple.

 

     Un conseil : lisez Le Complot contre l'Amérique de Philip Roth.

 

 

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K (K, 1997 ) de Daniel Easterman - Réédition Pocket, 2000

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 11:14

Mise en ligne d'une chronique que j'ai rédigé pour la revue Bifrost. Elle figure dans le guide de lecture du dossier consacré au très "grand" écrivain américain Robert SILVERBERG.

    
« Roma Aeterna » se compose de dix textes (nouvelles, novelettes et novellas) parus dans plusieurs revues et anthologies sur une période de treize années (le premier, « Vers la Terre promise », remonte à 1989). En France, c’est en 2004 dans la collection Ailleurs & Demain que le lectorat a pu découvrir dans son intégralité « Roma Aeterna ». Cependant il ne lui aura peut-être pas échappé que deux textes issus de ce livre étaient déjà disponibles en français : « Une fable des bois véniens » qui figure au sommaire du recueil « Le nez de Cléopâtre », et « Se familiariser avec le Dragon », novelette aperçue dans l’anthologie « Horizons lointains ».

    
« Roma Aeterna » est, pour reprendre la terminologie de Eric B. HENRIET, une pure uchronie. Ici, pas de paradoxe généré par un voyage temporel, ni d’univers parallèle. La ligne historique résultant de la divergence est la seule existante. Comme l’exprime le court prologue – un dialogue entre deux historiens romains – les Hébreux n’ont pas accompli leur exode vers la Palestine. Ceux-ci sont demeurés en Egypte et le judaïsme n’a pas donné naissance par la suite au christianisme. Nous nous trouvons donc devant un Empire romain qui a perduré au-delà du terme historique dont nous avons connaissance par ailleurs. Et si les Hébreux avaient émigré, quelle voie aurait emprunté l’Histoire ? Cette conjecture, hautement improbable aux yeux de nos deux historiens, d’autant plus que leur dialogue prend place en 1203 AUC (Ab Urbe Condita, retranchez 753 années pour retrouver notre datation habituelle) leur paraît tout juste bonne à stimuler l’imagination d’un plumitif oeuvrant dans le domaine de la littérature plébéienne. Cette divergence ne doit évidemment rien au hasard. Elle s’inspire d’une œuvre majeure de la culture historique classique anglo-saxonne, l’essai de l’historien Edouard GIBBON (1737-1794) : « Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain ». Pour l’auteur britannique, il ne fait aucun doute qu’une des raisons déterminantes de la décadence de l’Empire romain est imputable au christianisme. GIBBON considère que celui-ci a contribué à détourner la population romaine de la défense de l’Empire et du consensus civique, au profit des récompenses du paradis. Les empereurs ont ainsi laissé l’armée se barbariser pendant que la classe dirigeante s’amollissait, troquant ses vertus civiques contre des vertus chrétiennes inappropriées au maintien de la cohésion de l’Empire. L’essai de GIBBON a bien entendu été la cible de nombreuses critiques, en particulier de la part de l’Eglise chrétienne. Pourtant celui-ci reste un modèle d’analyse historique doté de surcroît d’une grande qualité d’écriture.

    
Il n’est pas exagéré d’affirmer que « Roma Aeterna », est plus convainquant que « La porte des mondes ». Il se dégage de ce titre tardif une véritable réflexion sur l’Histoire alors que dans l’uchronie juvénile de l’auteur, la divergence n’offrait qu’un prétexte à des aventures tout au plus distrayantes. Robert SILVERBERG balaie mille cinq cents années de Pax Romana en se focalisant volontairement sur quelques instants cruciaux de cette Histoire alternative. Il instaure un dialogue entre les œuvres vives de l’Histoire – ce temps long des permanences mentales et structurelles délimité par l’historien Fernand BRAUDEL – et le tressautement éphémère de l’existence humaine. De cet échange résulte, non une révision de l’Histoire, mais une variante et on se rend compte que si l’Histoire a bifurqué, ce n’est pas pour emprunter un sentier radicalement différent. Pour s’en convaincre, il suffit de dérouler le fil des événements relatés dans « Roma Aeterna ». On y retrouve globalement et jusque dans les dates – une fois la conversion faite dans le calendrier chrétien – une ligne historique qui correspond à la nôtre.

    
On peut évidemment avancer quelques bémols. L’approche historique de SILVERBERG privilégie le point de vue des puissants. L’auteur s’écarte très rarement du milieu de l’aristocratie et délaisse les petites gens, cette plèbe ravalée au rang de prolétariat laborieux et dangereux. C’est également une approche très politique qui remise en arrière plan l’évolution des arts, des sciences et des techniques. A l’exception des textes « Avec César dans les Bas-Fonds » et « Une fable des bois véniens », on relève l’absence de ce souffle vital qui anime les plus belles réussites de l’auteur. La reconstitution historique est impeccable de vraisemblance mais on aurait souhaité davantage de chaleur humaine et de passion ; tout ce qui finalement fait le sel de l’Histoire et distingue le roman de l’essai académique.

     Néanmoins malgré ces quelques réserves, « Roma Aeterna » demeure un modèle d’uchronie dont la cohérence suscite l’admiration.




















« Roma Aeterna » - Robert Silverberg – Robert Laffont coll. « Ailleurs & Demain » - septembre 2004 (roman en partie inédit traduit de l’anglais [US] par Jean-Marc Chambon)

 

 

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28 décembre 2007 5 28 /12 /décembre /2007 18:09

Avez-vous déjà imaginé ce que serait votre vie, si vous ne disposiez pas d'un accès à internet. Ces longues heures passées devant l'écran, à consulter les dossiers, les billets et les articles concoctés par quelques internautes et autres blogueurs compulsifs ; des jours à échanger des messages sur divers fora, ou à télécharger, légalement ou non, le film ou le morceau de musique longtemps convoité ; des nuités à enchérir sur des sites de vente en ligne pour décrocher la dernière babiole qui viendra s'entasser dans votre habitat (insérer la nature de celui-ci ci-après) ; une existence - n'ayons pas peur de l'excès - à vivre littéralement on the Web.

Que serait votre vie sans tout cela ? 

Si vous l'avez fait, vous avez mis un pied dans l'uchronie.

En fait, une version personnelle de celle-ci puisque se limitant à votre histoire intime.

Pour mettre un second pied dans ce vaste domaine de l'imaginaire, il vous suffit de lire ce qui suit.

 

 L'uchronie, c'est simple...

« Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face du monde aurait changé. » Pascal

 

Le mot uchronie est un néologisme formé par le philosophe Charles Renouvier en 1857 et illustré dans son ouvrage, révisé en 1876 : Uchronie, l'utopie dans l'Histoire. Mais, l'uchronie existait avant que le mot ne soit forgé puisqu'en 1836, Louis Geoffroy avait déjà écrit un livre intitulé Napoléon apocryphe, dans lequel il imaginait que Napoléon n'avait pas été défait en Russie et qu'il finissait par instaurer la monarchie universelle. Avec la SF, le concept est passé du domaine philosophique et politique à celui de la fiction romanesque.

Selon la définition du Science-fictionnaire de Stan Barets, l'uchronie est un mot qui a été inventé à partir du terme « utopie » afin de désigner l'histoire recommencée qui se fonde en général sur la question « Et si ? »

En conséquence, cette proposition d'Histoire alternative, selon Denis Guiot, prend pour point de départ un noeud de l'histoire, aussi désigné sous les termes d'événement fondateur ou de date de divergence.

Autrement dit, si l'Histoire est une tentative de créer un modèle cohérent et explicatif des actions des humains de génération en génération ; l'uchronie consiste à élaborer un scénario complexe dans un univers complet, sans lien avec un autre, où les valeurs et les comportements sont inventés ou extrapolés à partir d'une analyse historiquement plausible de la date de divergence et de ses conséquences. 

 

 

 

  ... Mais ça peut devenir très compliqué.

 

« L'Histoire est à faire. » Ernest Labrousse

 

Avec l'uchronie, l'Histoire est à refaire à partir d'un événement fondateur, explicite ou implicite, qui constitue le point de départ de l'altération. Mais, quel événement choisir ?

Dans le Science-fictionnaire, Stan Barets affirme que « l'interrogation est mystérieuse. L'Histoire est-elle le fruit du hasard ? Oui, réponds la SF, qui pour cette occasion, nie le déterminisme et accumule à plaisir les suppositions. »

Pour Stéphanie Nicot et Eric Vial, ce n'est pas si simple puisque « les événements susceptibles de changer l'Histoire ne sont finalement pas aussi nombreux qu'on pourrait croire ! »

Quant à Denis Guiot, il se place dans une perspective historiographique en remarquant que l'uchronie est aux antipodes du temps historique long, celui de Fernand Braudel ou de Karl Marx, puisque qu'elle respecte le modèle historique traditionnel reposant sur l'événementiel et les hommes providentiels.

Sans entrer en profondeur dans ce débat, force est de constater que l'uchronie fait fréquemment de l'accident historique, son point de départ. La remarque de Jacques Boireau conforte ce constat : « Le point de départ de l'uchronie est forcément pauvre. (...) Il repose sur un temps connu de l'élève moyen en fin de scolarité primaire. » et lui ajoute une dimension qu'il ne faut pas écarter : le bagage historique du lecteur.

 Il existe de nombreuses façons de classer les uchronies. Il n'est évidemment pas question de toutes les indiquer. Cependant, le point de vue de Eric B. Henriet mérite d'être signalé. Celui-ci distingue les uchronies pures et impures. Dans le premier cas, le récit se déroule dans une Terre à l'Histoire altérée sans aucune relation avec un autre monde. Pour ses habitants, il n'existe qu'une seule Histoire. Dans le second cas, l'Histoire a été transformée par l'intrusion d'un élément issu d'un autre monde. Le voyage dans le temps peut être le vecteur d'une uchronie. Par exemple, dans le roman, De peur que les ténèbres de Lyon Sprague De Camp, le voyageur projeté dans le passé par un coup de foudre, déploie de grands efforts pour changer le cours de l'Histoire. Ainsi, on parle d'uchronie impure car la reconstruction historique passe au second plan. L'enjeu est ailleurs : créer des paradoxes, s'affronter dans le temps puisque si l'on peut modifier volontairement l'Histoire, on peut modifier la modification (les récits de police temporelle découlent de là), et broder un récit sur le concept de mondes parallèles.

 

Bibliographie choisie avec quelques liens sur Internet : 

  • Le Science-fictionnaire de Stan Barrets : l'ouvrage assez ancien propose une approche un peu rudimentaire mais il indique quelques suggestions de lecture.
  • L'Histoire revisitée - Panorama de l'uchronie sous toutes ses formes de Eric B. Henriet : cet ouvrage est la Bible sur le sujet de l'uchronie. Un incontournable pour qui désire se documenter de façon approfondie sur le sujet.
  • Les articles de Stéphanie Nicot, Eric Vial, Jacques Boireau et Denis Guiot sont consultables sur le site de Noosfere.
  • Le site de Pedro Mota (hélas en rade depuis 2005) peut être mis à profit également pour approfondir les plaisirs de l'uchronie. Attention, celui-ci use d'une définition très large pour lister les ouvrages de l'uchronie.

 

 

 

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