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  • : le blog yossarian
  • : Grand lecteur de romans noirs, de science-fiction et d'autres trucs bizarres qui me tombent sous la main
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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 18:56

     Jusque-là, le sujet m'indifférait. Je me contentais juste de donner mon avis, de faire part de mes impressions de lecture et de mes agacements, parfois de manière ironique, mais rarement en estimant délivrer une vérité gravée dans le marbre. Faut croire que les temps changent, ou alors peut-être est-ce une partie de ma naïveté qui vient de se barrer par la porte de derrière ?

     Toujours est-il que j'ai suivi d'un regard d'abord amusé, puis accablé, le débat houleux – c'est peu de le dire – autour de la ligue de l'imaginaire. Vous ne savez pas ce que c'est ? Un petit coup d'œil par-ici pour pallier à cette lacune. À noter au passage que le site a subi une récente mise à jour, histoire de paraître moins commercial, genre je ne sers pas que la soupe aux auteurs encartés. Quelques chroniques de Henri Loevenbruck (des trucs anciens disponibles sur la nooSFere) et un ajout cosmétique pour défendre les librairies. Pour le reste, ne changeons rien à la routine...

     Si vous avez raté le début, rappelons les tenants et les aboutissants de l'affaire. Tout commence avec ce site où une bande de copains très cool décide de défendre l'imaginaire et ses auteurs, la fleur au stylo (ou au traitement de texte), pour le plus grand bien du lectorat et de leurs propres livres. L'entreprise de communication fait venir les larmes aux yeux...

     Sauf qu'un collectif de lecteurs, ne se connaissant pas forcément irl (comme on dit sur les forums), décide de prendre au mot les Loevenbruck, Thilliez, Chattam et consorts, et lance un défi : lire et critiquer (en respectant une grille de lecture pré-établie) dix ouvrages piochés au hasard parmi les titres publiés par les ligueurs.

     Dans un premier temps, l'expérience ne fait pas de vagues. Mais le Web est une chambre aux échos incomparable. Le retour d'expérience ne se fait pas attendre longtemps...

     Levée de bouclier assortie de noms d'oiseaux, cris d'orfraie. Les échanges commencés sur le site du défi font tâche, au point que sur facebook, ça défouraille sec sur les murs des fans des auteurs critiqués. Tout y passe, on crie au complot, on agite le spectre du fascisme intellectuel, on s'émeut de la mauvaise foi des critiques, on les traite d'auteurs aigris, de lecteurs refoulés, on glisse des sous-entendus sexuels, on les menace physiquement. Et parmi les intervenants, les ligueurs ne sont pas les moins prolixes, usant et abusant de la blague et du sous-entendu, ou rappelant qu'ils ont un vrai métier : sauver l'Imaginaire. Alors condescendre à opposer des arguments à ceux de leurs contradicteurs... Comme si cela ne suffisait pas, la vendetta déteint sur wikipédia, où l'on préfère manifestement la promotion à la démolition. On assiste à de curieux cas de dédoublement de la personnalité. Un commentateur exprimant ici le contraire de ce qu'il écrit sur son blog. Bref, on assiste à un condensé du pire de l'humanité, mais très cool, car finalement tout le monde sait que c'est pour rire...

     Mais moi, je n'ai plus envie de rire. Certes, je ne peux pas dire que je sois étonné par un tel déchaînement. On peut critiquer un roman. Mais il ne faut pas en dégoûter autrui. Il faut respecter l'auteur, ne surtout pas hiérarchiser et rester OBJECTIF ! Répétez après moi : OBJECTIF !

     Passons sur le fait que les chroniques, articles, notules, compte-rendus émis par les laudateurs ne sont pas non plus très objectifs. C'est un détail. Haro sur l'ennemi ! Va mourir infâme critique !

     En attendant que justice soit faite, positivons. Le dernier bouquin de truc t'es tombé des mains. Tes yeux saignent lorsque tu vois les étalages des librairies. C'est la loi de « les goûts et les couleurs ». Si ça se vend, c'est bien. Si on en parle favorablement, c'est mieux. Le beurre, l'argent du beurre et la cuisse de la fermière. Et ne va pas dire le contraire sale élitiste sectaire ! Il va falloir t'habituer aux livres dont les pages se tournent toutes seules, aux personnages attachants, aux intrigues téléphonées jalonnées de rebondissements haletants. C'est la vie, camarade. Mais tais-toi ! Ou alors sois objectif en ne t'en tenant qu'à la mesure de la masse du bouquin, au nombre de pages et à l'usage du présent de l'indicatif. C'est sûr qu'un avis du genre : « là, j'aurais plutôt employé le passé simple. », ça prête moins le flanc au courroux du fan. En principe...

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