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  • : le blog yossarian
  • : Grand lecteur de romans noirs, de science-fiction et d'autres trucs bizarres qui me tombent sous la main
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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 16:56

Roland C. Wagner (1960-2012)RCW.jpg

(Photo de Mélanie Fazi)

 

Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 18:16

 

Paco.jpg     Impensable ! Scandaleux ! À vous dégouter de la bière au petit-déjeuner, quoique... Je me rends compte à l'instant qu'il n'existe toujours pas une entrée Paco Ignacio Taibo II sur ce blog.

     Voici un court article sur le bonhomme pour y remédier, en attendant un compte-rendu sur l'étude que Sébastien Rutés lui consacre (qu'il soit mille fois béni par tous sur toute la planète).

 

     Né le 11 janvier 1949 à Gijon, le petit Ignacio quitte à neuf ans la province des Asturies, pour ainsi dire dans les bagages de ses parents et grand-parents, opposants indécrottables au franquisme. Toute la famille s'installe en 1958 au Mexique, terre d'exil des parias, où Taibo II poursuit ses études.

Sans doute stimulé par l'esprit de révolte familial, le jeune homme participe au mouvement estudiantin de 1968 qui, au Mexique, se terminera comme on le sait par un bain de sang. L'événement le marque profondément. Il lui inspire un essai historique et un roman (Le Rendez-vous des héros), où les figures héroïques de sa jeunesse prennent une revanche salutaire, réparant ainsi le tort fait à toute une génération mexicaine contrainte de plier l'échine devant la dictature.

 

     Devenu professeur d'Histoire à l'Université de Mexico dans les années 1980, Paco Ignacio Taibo II (on dira maintenant PITII) écrit en parallèle de nombreux articles, essais, romans, nouvelles et récits historiques. Pour différencier son œuvre de celle de son père, poète, sociologue et dramaturge bien connu, il prend l'habitude de faire suivre son nom du chiffre II.

 

    Comme si cela ne lui suffisait pas, il dirige aussi plusieurs collections policières d'éditeurs espagnols et mexicains, organise dans sa ville natale le festival de la Semana Negra, préside l'Association internationale des écrivains de polars (AIEP), scénarise quelques comics et collabore avec Marc Behm et le sous-commandant Marcos.

 

     Parmi les nombreux titres de PITII, on retrouve quelques personnages récurrents : le détective privé Hector Belascoaran Shayne, borgne d'origine basque et irlandaise, José Daniel Fierro, célèbre écrivain de romans policiers de Mexico, et Olga Lavanderos. Ses romans mélangent souvent réalité et fiction, personnages historiques et anonymes, héros livresques et cinématographiques. PITII se plaît à brouiller les repères, se montrant généreux dans son intertextualité et son humour.

 

     Méconnu au Mexique, Taibo II l'est davantage aux États-Unis pour son œuvre d'historien du mouvement ouvrier et en France pour ses romans noirs.

 

Bibliographie choisie :

 

  • Jours de combat (Dias de combate, 1976)

  • Cosa Facil (Cosa Facil, 1977)

  • Le Rendez-vous des héros – Manuel pour la prise du pouvoir (Heroes convocados, 1982)

  • Ombre de l'ombre (Sombra de la Sombra, 1986)

  • La vie même (La Vida misma, 1987)

  • Sentant que le champ de bataille (Sintiendo que el campo de batalla, 1989)

  • D'amour et de fantômes (Amorosos fantasmas, 1989)

  • Rêves de frontière (Suenos de Frontera, 1990)

  • À quatre mains (Cuatro Manos, 1991)

  • Le trésor fantôme (La Lejania del tesoro, 1992)

  • Adios Madrid (Adios Madrid, 1993)

  • La Bicyclette de Léonard (La Bicicleta de Leonardo, 1994)

  • L'année où nous n'étions nulle part (El ano en que estuvimos en ninguna parte, 1994)

  • Nous revenons comme des ombres (Retornamos como sombras, 2001)

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 15:33

     kem_nunn_large.jpg

 

     Né en 1948 à Pomona, Kem Nunn connaît bien le milieu qu'il décrit dans ses romans. Depuis sa naissance, il baigne pour ainsi dire dedans, entre suburbs et plages balayées par les vagues du Pacifique.

 

     Enfant unique, son enfance puis son adolescence sont marquées par l'océan et les plages. A l'instar d'Ike Tucker (le personnage de Tapping the Source), il s'essaie au surf. Certes, il ne devient pas un champion, mais cette activité lui fournit un ancrage. Le jour il travaille dans un magasin d'articles de surf, et il va taquiner les déferlantes en fin d'après-midi.

 

     Diplômé de l'université d'Irvine, Kem Nunn écrit sur le tard. Il collabore à plusieurs revues sur le surf avant de publier un premier roman en 1984. Tapping the Source (Surf City) se nourrit beaucoup de son expérience personnelle. Avec The Dogs of Winter (Le Sabot du diable) et Tijuana Straits, ce roman constitue le premier volet de ce qui va devenir sa trilogie noire sur le surf. Entre-temps, il écrit deux autres titres : Unassigned Territory en 1987 (inédit en France) et Pomona Queen en 1992 (La reine de Pomona).

     Auteur peu prolifique, Kem Nunn a également collaboré à l'écriture d'un épisode de la série Deadwood et il a coproduit et écrit John from Cincinnati, une série consacrée au surf.

 

     Les romans de Kem Nunn adopte le point de vue des perdants, des ratés, des laissés pour compte. Ils dévoilent le côté sombre du rêve américain, prenant le contre-pied de celui-ci. Souvent nostalgique, le style de l'auteur oscille entre lyrisme et réalisme pur, un réalisme souvent ponctué par une violence sèche. La nature, l'océan sont les principales sources d'inspiration de Nunn. Une façon de rester connecté à la source, autrement dit de se ressourcer.

 

Bibliographie :

 

Cinq titres, c'est peu. Mais la qualité est au rendez-vous.

 

- Tapping the Source, 1984 (Surf City)

- Unassigned territory, 1987

- Pomona Queen, 1992 (La reine de Pomona)

- The Dogs of Winter, 1997 (Le Sabot du diable)

- Tijuana Straits, 2004

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 18:49

Triste nouvelle.

Je viens d'apprendre que Juan Hernandez Luna est décédé cet été.

J'avais découvert cet auteur récemment, via Paco Ignacio Taibo II, profitant de mon blog pour chroniquer Iode et Naufrage.

Plus que jamais, j'invite tout le monde à se pencher sur l'oeuvre de cet auteur mexicain dont je reparlerai.

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 17:54

     Courte fiche auteur, en guise de teaser. Histoire de patienter en attendant ma prochaine notule qui sera consacrée à La mort et la belle vie, un roman indispensable.Hugo.jpg

      Venu au monde à White Center dans l’Etat de Washington en 1923, Richard Hugo, né Hogan, finit par adopter le nom de son beau-père. Mobilisé pendant la deuxième Guerre mondiale, il sert son pays en Europe dans l’équipage d’un bombardier. Démobilisé, il reprend ses études et obtient en 1952 son diplôme de « creative writing ». Hugo entame alors une carrière de rédacteur technique chez Boeing, emploi qu’il abandonne au bout de treize années, pour se consacrer à la poésie et à l’enseignement à l’université du Montana où il figurera, plus tard, parmi les auteurs de la Missoula Connection. Redoutable pêcheur, fan de base-ball et passionné de polars, Richard Hugo souffrait d’une neurasthénie tenace qu’il soignait au bar, en compagnie de ses amis, ou en s’évadant dans la nature.


     Professeur très apprécié de ses élèves – parmi eux, on trouve James Crumley, William Kittredge et James Welch –, sa bibliographie se compose de nombreux recueils de poèmes, d’essais et d’un seul roman, écrit sur le tard. Ce dernier frôle le prix Pulitzer.

L’auteur nourrissait le projet d’en écrire d’autres (l’amorce d’un deuxième roman figure d’ailleurs au sommaire d’un livre paru sous le titre de Si tu meurs à Milltown), hélas, il meurt en 1982 emporté par une leucémie.

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 18:47
james_sallis_large_edited.jpg

     Entamons la nouvelle année avec James Sallis, un auteur américain que je découvre et, ma foi, la découverte s’avère revigorante.

     Né en Arkansas en 1944, Sallis est un touche à tout : chroniqueur dans la presse, traducteur de Raymond Queneau (ce qui le rend immédiatement sympathique à mes yeux), poète, enseignant, musicologue féru de jazz, éditeur et j’en passe…

     Passionné de S-F depuis son enfance, il collabore à la revue New Worlds où paraissent plusieurs de ses nouvelles. Il succède d’ailleurs à Michael Moorcock à la tête de cette revue, publiant également deux anthologies.

     Il s’initie au roman noir par le truchement de l’œuvre de Dashiell Hammett. On a connu pire comme entrée en matière. Le genre lui plaît tellement qu’il écrit plusieurs essais dédiés à quelques unes de ses pointures : Thompson, Goodis, Himes. Ce dernier fait aussi l’objet d’une biographie tout à fait recommandable.

     Mais Sallis est aussi un écrivain de roman noir, caractéristique qui nous intéresse particulièrement ici. Parmi les ouvrages dus à sa plume citons la série où apparaît le détective noir Lew Griffin (je m’empresse de l’ajouter à ma PAL) et des one-shots dont La mort aura tes yeux et Drive auquel je consacrerai bientôt une notule.

     Bref, quelques bonnes lectures en perspective pour commencer l’année.

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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 21:46

     Mes pérégrinations littéraires m’ont amené plus d’une fois, au détour d’un essai ou de la lecture d’une discussion sur un forum, a rencontrer le nom d’un auteur américain assez méconnu dans nos contrées hexagonales : William Kotzwinkle. Un patronyme un tantinet imprononçable pour un écrivain dont les romans eux-mêmes sont notoirement inclassables.

Toutefois, toujours j’ai repoussé l’instant de la découverte à plus tard, optant pour un autre choix. Et puis, Fata Morgana a fini par rejoindre le sommet de ma pile à lire.
     J’ai soupesé l’ouvrage du regard, je l’ai saisi, ouvert et dévoré d’une traite. Il faut reconnaître que ce roman bizarre, édité chez Rivages dans la collection Mystère chapeautée par François Guérif et Claude Chabrol, a de quoi intriguer. Bref, bien m’en a pris car l’histoire, joliment alambiquée, s’apparente à une talentueuse construction en gigogne. Mais, j’y reviendrai ultérieurement.
J’ai poursuivi mon exploration avec Fan Man, un roman qui m’a été suggéré sur le forum du site Pol'Art Noir. Deuxième claque ! Dans un style radicalement différent, Fan Man est le récit foutraque des divagations dans New York d’un hippie clochardisé. Un régal ! De quoi me faire basculer définitivement et me pousser à la frénésie de lecture, histoire de rattraper le temps perdu.
Finalement, je vais être plus raisonnable et me contenter de déguster petit à petit, en dilettante, la bibliographie de l’auteur. Et pour commencer, alimentons ce blog avec une notice consacrée à William Kotzwinkle.

     Dans sa jeunesse, William Kotzwinkle se prend de passion pour la Beat Génération et en particulier pour Jack Kerouac. S’inspirant de l’œuvre maîtresse de l’écrivain états-unien, il prend la route ; direction New York où il exerce divers petits métiers, certes ingrats, mais qui ont le mérite de nourrir leur homme : cuisinier de nuit, Père Noël dans un grand magasin, rédacteur journaliste d’une feuille à sensation vendue dans les supermarchés…

     En 1970, il se marie avec la romancière Elizabeth Gundy et s’installe à la campagne, d’abord dans le New Brunswick puis dans le Maine.

Kotzwinkle est un touche à tout. Il écrit des scénarii pour le cinéma (on lui doit notamment celui de Freddy 4) et la novélisation de E. T. (à laquelle il a donné des suites) et celle de Superman III. Des travaux alimentaires qui ne doivent pas faire oublier l’essentiel : une quarantaine de livres, romans et recueils, dont certains supportent allègrement le qualificatif de chef-d’œuvre.

     Son œuvre littéraire ne se limite pas à un genre. William Kotzwinkle aborde toutes les formes littéraires avec une égale réussite : la science-fiction (Le Docteur Rat), le pamphlet, la poésie, le récit autobiographique (Le nageur dans la mer secrète), le roman érotique (Le livre d’une nuit), le roman d’apprentissage (Book of Love), les contes pour enfants, le surréalisme, la fable et le roman noir.

Dans ce dernier genre, il ne s’enferre cependant pas dans le classicisme. Il y ajoute une touche personnelle ; humour dans Midnight Examiner ; fantastique dans Fata Morgana et Le Jeu des Trente.

Voici de quoi donner envie, en attendant la mise en ligne (proche si je n’ai pas la flemme) de deux articles consacrés à Fata Morgana et à Fan Man.  

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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 10:23
       

James CRUMLEY (1939-2008)

 

     Je sais. Les cimetières sont remplis de gens importants. Mais c’est toujours un peu douloureux d’apprendre le décès d’une personne que l’on appréciait, quelle que soit la raison pour laquelle on l’appréciait. James Crumley est mort à 68 ans, le 18 septembre, suite à des problèmes de santé dus à l’alcool et à la drogue.

J’avais l’intention de lui consacrer une notule. L’idée me titillait depuis longtemps et puis, j’ai traîné comme d’habitude. Le décès de l’écrivain états-unien résonne comme un rappel à l’ordre qui me pousse à passer de l’intention à l’acte, même si cela me paraît être un bien pâle hommage. Je reviendrai donc dans un proche avenir sur son œuvre qui mérite mieux que les quelques mots qui suivent.

 




    
James Crumley partage le parcours chaotique et le rapport charnel à l’écriture de nombreux autres écrivains américains. Né à Three Rivers, un bled où il vaut mieux savoir jouer au football que lire, James se frotte régulièrement à la convivialité rugueuse de ses camarades. Le cuir tanné par les coups, il commence à travailler très tôt (vers l’âge de douze ans) tout en poursuivant ses études. Puis, il s’engage dans l’armée. Trois ans sous les drapeaux dans le corps des Marines avant de retourner à l’école. Il fréquente plusieurs universités avant de devenir professeur de littérature à Missoula dans le Montana. Ceci marque la fin d’une période durant laquelle il a beaucoup bougé, taillant la route d’un Etat à l’autre ; une route jalonnée par les bars où il use ses fonds de pantalon en consommant divers alcools sans aucune modération.

     Néanmoins, l’enseignement n’est pas du tout sa vocation. C’est la littérature qui l’attire par-dessus tout. Lawrence Durrell, Malcolm Lowry, Ernest Hemingway, Faulkner, Dickens, Fitzgerald et Chandler figurent parmi ses lectures préférées. On a connu pire comme figures tutélaires pour commencer à écrire. Son premier roman est le fruit de trois années d’écriture et je m’avance très peu en affirmant qu’il s’agit de son œuvre maîtresse. « Un pour marquer la cadence » se distingue toutefois du reste de ses romans par son intrigue noire et ambiguë qui se base sur des témoignages de vétérans du Vietnam. Ce premier pas dans la littérature ne rencontre aucun écho, ni du côté de la critique, ni auprès du public.

     Par la suite, il développe parallèlement deux séries qui mélangent humour et tragédie d’une manière rien moins que bouleversante. La première, entamée avec le roman « Fausse piste », met en scène le privé Milton Chester « Milo » Milodragovitch. La seconde qui débute avec « Le dernier baiser », prend pour héros l’enquêteur Chauncey Wayne Sughrue. A l’occasion de « Les serpents de la frontière », Crumley fait se rencontrer les deux personnages.

     Neuf romans et quelques nouvelles, cela peut paraître bien peu. C’est beaucoup s’il on tient compte du temps qu’il a consacré à faire le siège d’Hollywood. En effet, James Crumley n’a jamais renoncé à écrire pour les studios afin de vivre mieux de sa plume. Scénarii originaux, adaptations, il n’était pas regardant. Malheureusement, la malchance lui colle aux basques à l’instar de cette rencontre avec Sam Peckinpah dans les années 1980 qui ne débouche sur rien, le réalisateur mourrant trois semaines plus tard. Les portes des studios lui resteront définitivement fermées.

 

     James Crumley nous a quitté.

     Reste la route qu'il a parcouru, les bars, les femmes qu’il a décrit avec amour et une recherche du bonheur inachevée. Un quotidien partagé par de nombreux autres membres de l’espèce humaine.

 

BIBLIOGRAPHIE : (qui ne respecte strictement pas l’ordre de la première parution en France)

 

Romans

 

-         « Un pour marquer la cadence » (Noire,  1992)

-         « Fausse piste » (Bourgeois, 1988)

-         « Le dernier baiser/Le chien ivre » (Fayard, 1980)

-         « La danse de l’ours » (A. Michel, 1985)

-         « Tir aux pigeons » (SN n° 2615, 2001)

-         « Le canard siffleur mexicain » (Noire, 1995)

-         « Les serpents de la frontière » (Noire, 1997)

-         « La contrée finale » (Noire, 2002)

-         « Folies douces » (Fayard Noir, 2005)

 

Nouvelles/recueils

 

-         « Cairn/Putes » (Encrage « Blues » n° 1, 1990, Riv/N n° 92, 1990)

-         « Le bandit mexicain et le cochon » (SN n° 2544, 1999)

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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 17:30

     Cet article est également disponible en ligne sur le site du Cafard Cosmique auquel je contribue régulièrement.

     On a longtemps tenu la science-fiction pour un champ littéraire exclusivement anglo-saxon. Mais depuis la parution de l’anthologie « Chasseurs de chimères », il semble bien que les frontières bougent. Parmi les auteurs cités par Serge LEHMAN, un nom attirait particulièrement l’attention : celui de Régis MESSAC. Bonne nouvelle ; l’œuvre de l’auteur, qui était devenue quasi-introuvable, est désormais en voie d’exhumation grâce à une association créée en 2006 : Les amis de Régis MESSAC. Trois ouvrages – un roman, un recueil d’articles et les dernières lettres de l’auteur – viennent d’être réédités en cet automne 2007. Un autre titre de l'auteur « Le miroir flexible » est venu s'ajouter à cette liste en 2008.

 

     Régis MESSAC est né le 2 août 1893 à Champagnac [Charente-Maritime]. Fils d’un couple d’instituteurs, il est un enfant de la Laïque, ce qui explique d’emblée son intérêt pour les questions sociales et son anticléricalisme. C’est aussi un enfant de l’Ecole républicaine, soucieux d’éducation populaire ; il collabore pendant un temps à l’Université populaire de Montpellier et écrit une multitude d’articles dans des revues comme Les Primaires, Les Humbles… Il étudie et tente d’intégrer l’Ecole normale supérieure par le biais de la Khâgne du lycée Condorcet [Paris] mais échoue à deux reprises. 
     La Première Guerre mondiale vient stopper ses tentatives. Il est mobilisé et envoyé combattre sur le front où il est blessé très rapidement [une balle lui perfore le crâne]. Il profite alors de sa convalescence pour obtenir sa licence de lettres, puis termine la guerre dans les troupes auxiliaires. Comme il refuse toute promotion, l’armée l’affecte à divers postes subalternes et notamment sur les quais de Dunkerque où la fréquentation des Tommies lui permet d’apprendre l’anglais.
 
     Rendu à la vie civile en 1919, Régis MESSAC est reçu à l’agrégation en 1922 et commence à enseigner au lycée d’Auch. Cependant son ambition demeure d’entrer à l’université. Il profite donc de sa connaissance de la langue anglaise pour s’expatrier de 1923 à 1929 et enseigner en terre anglo-saxonne [une année comme lecteur à Glasgow puis cinq ans à l’université McGill de Montréal]. De retour en France, il soutient sa thèse et reçoit le titre de docteur ès lettres. Malgré une mention très honorable, il ne réussit cependant toujours pas à passer les portes de l’université. Déçu, il demande sa mutation au lycée de
Coutances où il s’installe en 1936 avec sa famille. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Régis MESSAC s’investit clandestinement dans la constitution de la section locale du réseau de résistance Front national et organise une filière d’évasion des jeunes gens soumis au STO. Il est arrêté sur dénonciation le 10 mai 1943, puis condamné par un tribunal militaire allemand à un an de prison et déporté comme prisonnier Nach und Nebel franzosen. On perd sa trace en janvier 1945 et l’on suppose qu’il a péri durant les marches de la mort de la fin de la guerre.

 

     Régis MESSAC déparait dans le milieu où il évoluait. Personnage curieux de tout, son attention s’est portée sur un vaste champ de connaissances. MESSAC était un esprit ouvert aux nouveautés. Romancier, traducteur, critique, essayiste, pamphlétaire, il était un véritable polygraphe. Ses centres d’intérêt le portaient vers la préhistoire, la linguistique, la religion, les sciences, l’éducation, les arts, le roman policier – on lui doit un ouvrage précurseur pour le genre en France [« Le Detective novel et l’influence de la pensée scientifique »] – et la conjecture rationnelle. Ce dernier point rejoint d’ailleurs une autre préoccupation de l’auteur, celle du devenir de l’Humanité. Comme le rappelle Serge LEHMAN dans l’introduction de l’anthologie « Chasseur de Chimères », MESSAC a fait œuvre de théoricien et de propagateur de la science-fiction en France en lançant une collection spécialisée « Les Hypermondes » qui aurait pu changer la donne si la guerre n’était pas venue mettre un terme à sa vie. Cette collection créée au sein de la maison d’édition La fenêtre ouverte, dirigée par René BONISSEL [1898-1978], instituteur et syndicaliste, énonçait la proposition de foi suivante : (…) Ce sont les mondes hors du monde, à côté du monde, au-delà du monde, inventés, devinés ou entrevus par des hommes à la riche imagination de poètes. Il faut, pour les visiter, entreprendre les voyages imaginaires, les voyages impossibles. Elle préfigurait donc par ses thématiques la science-fiction. Seuls trois titres sont parus : « Quinzinzinzili » [1935] et « La cité des asphyxiés » [1937] de Régis MESSAC et la traduction des nouvelles de son ami David H. KELLER [« La guerre du lierre », 1936]

     La vision du devenir de l’Humanité qu’offre MESSAC dans ses romans de science-fiction est très pessimiste mais on ne peut pas affirmer non plus qu’elle soit totalement désespérée. Ses écrits sont rehaussés par un humour grinçant et provocateur qui semble appeler un sursaut moral. De plus, les actes individuels de MESSAC désamorcent définitivement la suspicion de nihilisme. Dans sa vie, il a été un individu engagé mais non encagé pour paraphraser André CAMUS. Pacifiste convaincu mais clairvoyant, il n’a eu de cesse que de rejeter l’orthodoxie stalinienne et les valeurs de la société bourgeoise et du monde universitaire comme en témoigne son pamphlet « A bas le latin ! ». Il a, par ailleurs, toujours gardé ses distances vis-à-vis du dogmatisme des partis de gauche, leur préférant le comité directeur de la Ligue internationale des combattants de la paix.
 

BIBLIOGRAPHIE CHOISIE 

Romans

-          « Quinzinzinzili » [1935] REED. L’Arbre vengeur, Coll. L’alambic, 2007

-          « La Cité des asphyxiés » [1937] REED. LATTES, Coll. Science-fiction, 1972

-          « Valcrétin » [1973] ED. LATTES, Coll. Science-fiction, 1973 

Essais, articles 

-          « Le Detective Novel et l’influence de la pensée scientifique » [1929]

-          « Les Romans de l’homme-singe » - REED. EX NIHILO, 2007 

Ce recueil propose la réédition de cinq articles parus dans la revue des Primaires entre 1931 et 1938. Parmi ces textes figure une étude très intéressante [Les Romans de l’homme-singe] sur les liens entre la théorie de l’évolution, la recherche du missing link et une littérature qui s’en inspire et mêle la conjecture rationnelle aux ressorts de l’imaginaire. Elle offre un aperçu du travail rigoureux de recension et d’analyse entrepris par MESSAC sur ce sujet. Elle laisse aussi entrevoir le rôle théorique important qu’aurait pu jouer l’auteur dans la science-fiction française. L’ouvrage d’apparence très sobre est doté d’une préface et d’un index qui complètent utilement l’ouvrage. Cette réédition s’impose comme un incontournable pour qui souhaite creuser et approfondir sa connaissance historique du genre. 

Témoignages 

-          « Lettres de prison » - REED. EX NIHILO, 2007 

Cet ouvrage il rassemble l’ultime correspondance de l’auteur lors des son internement en 1943 à la prison de Saint-Lô et des témoignages et documents annexes sur le devenir supposé de Régis MESSAC jusqu’à sa disparition en Allemagne. Il s’agit donc d’un ouvrage qui s’attache essentiellement à l’homme mais on peut lui trouver également une valeur de témoignage historique sur les conditions de détention pendant la guerre. Là aussi, l’ouvrage est pourvu d’un index très utile et d’une bibliographie choisie. 

Autres

-          « Un château en Bohême » de Didier DAENINCKX - EDITIONS DENOEL, COLL. FOLIO, 1996

Didier DAENINCKX qui a l’habitude d’explorer les angles morts de l’Histoire, fait montre de sa connaissance de la science-fiction française et mentionne le nom de Régis MESSAC en citant un extrait de son roman « Quinzinzinzili » [page 92]

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15 août 2008 5 15 /08 /août /2008 17:47

     Il peut-être temps de faire une petite place à Pierre Siniac (1928-2002).

     Le prolifique auteur français, de son vrai nom Pierre Mitsos Zakariadis, commence à écrire très tôt. Dès l’âge de dix ans, pour le plus grand plaisir de ses camarades.

     Néanmoins, il faut attendre 1958 pour lire son premier roman : « Illégitime défense ». A l’époque, il signe Pierre Signac. Trois titres paraissent entre 1958 et 1960. Puis, il passe chez Gallimard dans la prestigieuse collection Série Noire pour un roman dont tout le monde connaît l’adaptation cinématographique bébelisée navrante (pléonasme) : « Les morfalous ». On retrouvera à plusieurs autres reprises le thème du casse sur fond de Seconde Guerre mondiale dans l’œuvre de Siniac.

     Il y a de tout chez Siniac. Du roman policier classique, à la Simenon, au roman surréaliste, voire ouvertement fantastique. L’auteur a d’ailleurs forgé un terme pour nommer cette seconde facette de son œuvre : le fanpol, comprendre le polar fantastique. Une constante cependant : on s’amuse toujours à le lire.

     Difficile de déterminer quel est le meilleur de Siniac. Les goûts, les couleurs, tout ça… Pour faire une lapalissade, je dirais que tout n’est pas bon. Toutefois, l’œuvre de l’auteur recèle de mémorables perles noires et caustiques. D’abord, « Femmes blafardes », roman à la mécanique imparable qui rappelle par son atmosphère les films de Claude Chabrol. Puis, « Carton blême » une formidable dystopie (osons le terme). Enfin, ne surtout pas oublier le duo récurrent formé par « Luj Inferman’ et La Cloducque ».

 

Bibliographie choisie : (parce que j’ai la flemme de citer tous les titres)

 

-         Les morfalous (SN n°1244, 1968)

-         Les monte-en-l’air sont là ! (SN n°1320, 1970)

-         Luj Inferman’ et La Cloducque (SN n°1454, 1971)

-         Si jamais tu m’entubes (SN n°1666, 1974)

-         Sous l’aile noire des rapaces (Lattès, 1975)

-         Le tourbillon (Lattès, 1976)

-         L’orchestre d’acier (Lattès, 1977)

-         Des perles aux cochonnes (SN n°1719, 1977)

-         Aime le maudit (Engr. n°33, 1981)

-         Femmes blafardes (Fayard noir n°17, 1981)

-         Ras le casque (Engr. n°105, 1984)

-         Carton blême (Engr. n° 115, 1985)

-         Ferdinaud Celine (Riv/T, 1997)

-         La course du hanneton dans une ville détruite ou La corvée de soupe (Riv/N n°586, 2006)

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