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  • : le blog yossarian
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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 17:21

 

     Sans doute est-ce mon côté pessimiste qui resurgit, mais j'aime lire des romans catastrophes. Les fins du monde m'enchantent, me faisant dresser le poil sur le dos des mains, et pour tout dire m'amusent. Un plaisir coupable contrebalancé par des récits post-apocalyptiques, histoire de voir comment les survivants retombent rapidement dans leurs pires travers, cause des malheurs de leurs prédécesseurs. Décidément, je ne suis pas sortable...

 

     À l'instar de leurs cousins anglo-saxons, les francophones n'ont pas à rougir de leurs recommencements. Une bibliographie abondante est là pour en témoigner. L'autoroute sauvage de Julia Verlanger (pas encore lu), Blue de Joël Houssin, Malevil de Robert Merle, La Forêt d'Iscambe de Christian Charrière (un roman méconnu à lire absolument), Spinoza encule Hegel du bien aimé Jean-Bernard Pouy, Le Monde enfin de Jean-Pierre Andrevon et j'en oublie sans doute, faisant notamment l'impasse sur la bande-dessinée.

On le voit, la veine post-apocalyptique est riche de promesses, de mondes retournés à la jachère où les survivants de l'humanité s'échinent à rebâtir une civilisation viable.

     Un mot maintenant de ma dernière trouvaille : L'Ombre dans la vallée de Jean-Louis Le May, rééditée par Les Moutons électriques, un roman post-apo méridional qui fleure bon la sauge, le thym et la chair carbonisée.

 

     Un paysage de fin du monde conquis par une nature exubérante. Des collines colonisées par le maquis, une végétation inextricable de cactus, d'aloès, de chênes verts et d'autres essences méditerranéennes. Des myriades de papillons, de mouches, de taons qui sucent, piquent et harcèlent sans répit les rares voyageurs. Peu de mammifères et plus du tout d'oiseaux. Ne reste guère que quelques mulets, des chèvres tenaces et les survivants d'une humanité retournée à un état de sauvagerie, accrochée aux ruines de leurs villes, au bord d'une mer empoisonnée.

     Triste tropisme.

     La Puta Chavanassa a balayé la civilisation des consoms, ne laissant derrière elle que des vestiges. La Cité, champ de décombres en proie à la guérilla. La Citadelle, refuge inexpugnable de l'Ordre. Une route, long ruban de goudron gris, trait d'union entre la Cité et les communautés rurales du Pays Haut. Et un viaduc dressant son arc un tantinet délabré entre les deux versants de la vallée.

     Entre la Cité et le Pays Haut s'étend le maquis, territoire où les clans de barounaires ont pris l'habitude de se défier. Mobs couchés sur leurs biclos vrombissants, Drags aux mœurs barbares, Véloces aux cuisses tannées par le soleil et Caisses sans cesse en quête de carbur.

     Sous le regard des Réguliers de l'Ordre et de Barba Ammoun, une jeunesse sauvage s'épuise en de vaines joutes, à la recherche du frisson de la mort et de chair humaine à maltraiter ou à manger. Si les Réguliers ne craignent pas les barounaires, ils se méfient davantage de Barba Ammoun dont l'expérience et la ruse ont contribué à forger la réputation. Une réputation s'étendant sur sa compagne et sur ses enfants Angélique et Pascaou, les yeux et les oreilles du vieux en quelque sorte. Une expérience qui se paie au prix fort. Et malheur à celui qui cherche à truander ou à faire du tort au Barba. Il a tôt fait de finir sous les crocs de ses molosses ou fusillé par le vieux lui-même.

 

     Attachons-nous d'abord aux faits. Cette réédition Des Moutons électriques se compose de deux courts romans qui se suivent chronologiquement. Pour information, L'Ombre dans la vallée et Le Viaduc perdu s'inséraient à l'origine dans un ensemble plus vaste de six volumes appelé « Chroniques des temps à venir ». Une sorte d'histoire du futur où l'auteur ne se montre guère enclin à l'optimisme.

     Soyons maintenant subjectif. Même si j'ai apprécié l'atmosphère du roman, empreinte d'une certaine poésie et d'un lyrisme à la Giono, même si le mélange de paillardise, de violence et de gouaille déployé par Le May fonctionne très bien, je n'ai pu m'empêcher de trouver le temps long. Une impression de délayage, certes pas désagréable, mais qui finit par assoupir un tantinet. Fort heureusement, l'ensemble se lit rapidement compte tenu de la longueur (environ 250 pages pour les deux romans). Mais en même temps, je ne suis pas certain que ceci constitue une qualité...

 

     Bref, je ne recommande pas vraiment cet ouvrage. Pas sûr qu'il s'agisse d'un indispensable, à moins évidemment d'aimer les fins du monde et les éternels recommencements.

 

Ombre-vallee-copie-1.gif

 

 

 

L'Ombre dans la vallée de Jean-Louis Le May – Editions Les Moutons électriques, janvier 2012 (réédition se composant des romans « L'Ombre dans la vallée » et « Le Viaduc perdu »)

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